Farkad Assi et Andrée Thoumy

« Avec la disparition du Professeur Maxime Lamotte, l’Humanité perd un grand homme et le Liban, un ami. »

Le Professeur Maxime Lamotte, biologiste français de renom, a signé, sur son faire-part de décès, son dernier message qui est un message de remerciement. D’abord à Dieu qui lui a donné une belle vie, puis à sa nombreuse famille qui l’a aimé et qu’il a aimée, et enfin à ses maîtres, collègues et élèves qui ont accompagné sa vie.
Appartenant à cette dernière catégorie, nous avons acquis la pensée scientifique qui le caractérisait et qui a dominé l’Ecole Normale Supérieure dont il a été le Patron durant de longues année, et cette institution, sise rue d’Ulm dans le 5ème arrondissement de Paris non loin du foyer Franco-Libanais et de l’église Notre-Dame du Liban.
Pionnier de l’écologie qui en était à ses débuts dans les années 60 du siècle dernier, il a enseigné cette discipline à l’Ecole Normale Supérieure, publiant de nombreux ouvrages et recherches et supervisant de nombreuses thèses. Il dit un jour, à ce propos, qu’il en avait patronné quelque 250.
Dans son numéro 983 du mois d’août 1999, la revue Science et Vie mentionne que Maxime Lamotte a mis en évidence les perturbations des cycles biogéochimiques dues aux activités humaines. Presque 50 ans plus tard, ses résultats se voient confirmés par les aspects de l’effet de serre et des changements climatiques.
Ayant souhaité de longue date connaître le Liban – souhait auquel le voisinage du foyer Franco-Libanais l’avait préparé – il ne put immédiatement venir dans notre pays en raison de la guerre qui y sévissait. Il ne parvint à réaliser son rêve qu’en 1997 et refusa de quitter le Liban sans avoir visité Tyr et Sidon, ces noms qui font rêver, comme il l’a dit une fois.
Homme au grand coeur et à l’esprit ouvert, aimant l’être humain, il participa à la lutte contre la faim et contre le handicap et apporta son appui aux institutions qui assurent une meilleure vie au genre humain, comme la Fondation Abbé Pierre pour le Logement des Défavorisés, la Fondation pour la Recherche Médicale et bien d’autres encore.
Avec sa disparition, l’Humanité perd un grand homme et le Liban, un ami et un grand esprit scientifique. Mais le Professeur Lamotte laisse à la société des humains des trésors de science et de moralité ainsi que de nombreux descendants qui, peut-être, recèlent en eux des individus qui continueront son parcours scientifique.
Quant à nous ses élèves, nous lui faisons le serment que le crayon ne s’échappera de nos doigts que le jour où, à notre tour, nous basculerons dans l’éternité.

traduction du texte paru dans le quotidien libanais AN-NAHAR, le 17 octobre 2007